dimanche 1 juin 2008

Code Source.



Café branché. Espresso en zone wi-fi.

Je dézippe la gaine Codex de chez Moshi, seconde peau du MacBook boosté à bloc sous sa carrosserie noir mat. Boot ultra rapide. Fond d’écran bad cop Mackey. L’airport accroche la borne sans problème. Trop facile. Je jubile. Une bouffée de bonheur : sûrement l’enthousiasme enfantin que procure la pomme à ses adeptes les plus récemment convertis.

Amazon. Je me logue sur mon espace personnel. L’interface m’analyse, au fil du temps, pour mieux me vampiriser. Le racolage est ciblé, chirurgical. Numéro VISA déjà en mémoire dans un recoin que j’espère sécurisé de la base de donnée, à un clic du débit.

“Nous revenons comme des ombres”. Recommandé parce que vous avez achetez “rêves de frontière”. Vous l’avez déjà ? Vous n’êtes pas intéressé ?

“Misères du désir”. Recommandé parce que vous avez acheté “Socrate à Saint-Tropez : texticules”. Je l’ai déjà. Clic.

En coulisse, la structure informatique du module réagit comme un Tetris. L’amazone me connaît toujours plus, toujours mieux. Instantanément, la vitrine virtuelle change de visage pour anticiper mes désirs. La nouvelle liste de propositions mise à jour se déroule et m’aguiche.

“Code source”. Recommandé parce que vous avez acheté “Identification des schémas”. Un nouveau Gibson... Je suis ferré, inutile de luter. Pour la forme, un petit tour sur la fiche produit. Pourquoi avoir traduit le titre original “Spook Country” ? On en crèvera de notre exception culturelle.

Depuis son dernier ouvrage, le visionnaire nous parle désormais au présent. Comme pour nous lancer un “je vous l’avais bien dit”. Notre monde a finalement rejoint le sien. Une boucle bouclée, une prophétie accomplie.

Un bon vers une interview exclusive du pape. Je retourne avec nostalgie au temps de Bobby le Comte Zéro, de Molly et du vaudou dans la matrice. Je la sens presque l’odeur des parties de Cyberpunk jusqu’au bout de la nuit. Sueur, sodas et sprits pour surfer sur la toile virtuelle si longtemps avant les autres.

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Source : Code Source (Spook Country, William Gibson 2008).

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