samedi 29 mars 2008

American Salad.



Quand la CIA tente de tuer Castro, son imagination dépasse l’entendement. Petites anecdotes croustillantes…

Frank Daninos retrace en 450 pages la grandeur et surtout la déchéance de l’une des organisations d’espionnage les plus intrigantes du 20ème siècle, la CIA, née au début de la guerre froide, pour combattre le communisme dans le monde. Coupant l’herbe sous le pied aux théoriciens du complot, au fil des pages et des anecdotes, l’auteur va tuer le mythe d’une CIA toute-puissante. Sous sa plume, la figure charismatique d’un James Bond devient un anti-héros qui accumule les déconvenues et les gaffes, un « inspecteur gadget » sans brio, aux méthodes farfelues. La CIA n’avait par exemple prévu ni la chute du mur de Berlin, ni les attentats du 11 septembre, deux échecs cuisants pour deux événements majeurs de l’histoire politique, dommage. Et pourtant, les hommes en noir ne manquent pas d’imagination quand il s’agit de renverser ou d’espionner l’ennemi.

L’agence a cherché à supprimer plusieurs chefs d’Etat, comme Patrice Lumumba, au Congo, Raphaël Trujillo, en République Dominicaine. Mais leur cible préférée restera Fidel Castro l’indétrônable (voir pages 169-170). L’Agence a tenté, au moins à huit reprises de l’assassiner, avec la complicité notamment du crime organisé, sous le nom de code « opération Mongoose » (mangouste en anglais). Elle déborde alors d’idées saugrenues pour fabriquer des armes sophistiquées, mais inefficaces, comme l’utilisation d’un cigare imbibé de poison ; un stylo contenant de l’encre toxique, ou encore des chaussures remplies de thallium qui feraient tomber la barbe de Castro histoire de casser l’image du dictateur cubain !


La branche scientifique de la CIA dépense ainsi des milliards de dollars dans des inventions délirantes, comme le projet « Acoustic Kitty » mis sur pied dans les années 70 pour noyauter le régime vietnamien ( voir p. 201). Le concept : transformer un vulgaire chat de gouttière en agent secret ! Ainsi, des ingénieurs ont implanté un micro dans le ventre d’une pauvre bête et greffé une antenne sur sa queue. L’expérience tournera cours, le matou se révélera une piètre recrue, incontrôlable, il finira sous un taxi, à Washington. CIA, Une Histoire Politique, mais surtout pathétique…

CIA une histoire politique, 1947-2007, Franck Daninos, Ed. Tallandier.



Source : Bakchich (27 Janvier 2008).

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