dimanche 13 janvier 2008

Agent de choc.

008 au secours de Bétancourt
Alors que les FARC libèrent quelques otages, l’ancien agent secret Noël Saez a repris du service comme émissaire personnel de Sarko dans le dossier Ingrid Bétancourt. Il a tendance à se prendre pour un James Bond… mais incarné par Pierre Richard.

En guise de rupture, c’est raté. Noël Saez, ancien consul de France à Bogota, honorable correspondant de la DGSE, a servi Jacques Chirac, président de la République. L’homme, surnommé 008 parce qu’il adore James Bond, était un peu désoeuvré après s’être acquitté de sa mission quelques années au pays d’Uribe. Il a tenté d’entrer à l’ONU, sans succès. Selon nos informations, Noël Saez est resorti de sa retraite pour devenir l’émissaire personnel du président Sarkozy dans l’affaire Bétancourt.

Si l’espion reprend du service, c’est parce que la France n’avait plus de contact avec les FARC. Il a connu la guérilla lors de négociations qui ont abouti à la libération de deux pilotes d’hélicoptère qui s’étaient égarés dans la jungle à cause d’une panne de moteur. Bons princes, les guérilleros avaient même rendu l’hélico aux imprudents. Mais s’il semble apprécié par les FARC, du côté officiel colombien, on est moins élogieux. Il est à l’origine en 2005, selon Jacques Thomet, ancien chef du bureau de l’AFP en Colombie - qui l’a raconté dans « Ingrid Betancourt, histoire de cœur ou raison d’Etat » (éd. Hugo doc.) - d’une crise diplomatique qui a failli aboutir à la rupture des relations entre les deux pays. Le Président Uribe déteste la diplomatie parallèle et Noël Saez en a fait les frais.

Avec l’accord du gouvernement colombien, 008 avait été mandaté pour trouver une zone de rencontre entre les FARC et des représentants de Uribe. Saez, après prospection, jeta son dévolu sur une zone rurale, à l’exception d’une région habitée de 100 000 habitants. Saez obtint l’accord des FARC et celui d’Uribe. Alors que toute la démarche devait être secrète, Uribe convoqua une conférence de presse pour annoncer son accord. Les FARC revinrent alors sur leur décision, furieux de la publicité de la décision.

Alors que le gouvernement colombien avait été mis au courant de la première rencontre entre Noël Saez et Raoul Reyes, considéré comme le numéro 2 des FARC, les autres entretiens se déroulèrent, eux, sans témoin. Selon Fabrice Delloye, l’ex-mari d’Ingrid et père de ses deux enfants, le lieu du rendez-vous sera même bombardé.

« Malgré ses problèmes cardiaques, Saez est un homme très courageux »

Il faut dire que Saez n’avait pas été aidé par l’opération clandestine menée par le tandem Villepin-Parfait en juillet 2003. Ce dernier, à l’époque, ambassadeur de France en Colombie, tombe sous le charme de Astrid Bétancourt, la sœur d’Ingrid. Les deux oiseaux se marient. L’affaire Bétancourt devient une priorité pour la diplomatie française. Avant d’être Premier ministre, Villepin a effectué toute sa carrière au Quai d’Orsay et il a bien connu les sœurs Bétancourt. Ces relations de proximité vont alors pousser la France à tenter d’exfiltrer Ingrid, en accord avec les FARC et dans le dos du gouvernement de Bogota. La mission tourne à l’échec. Noël Saez était alors toujours en discussion avec les FARC. Mis devant le fait accompli, il fait savoir au ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, écarté de toute cette opération, qu’il désapprouve l’initiative de Villepin. Sarko saura s’en souvenir.

Aujourd’hui la mission de 008 est claire : « Prendre tous contacts utiles à la réalisation fructueuse de sa mission » selon les consignes de l’Elysée. Il a rencontré Hugo Chavez à la fin de l’année dernière. Néanmoins, c’est l’ambassadeur de France à Caracas qui a représenté la France lors de l’opération Emmanuel, laquelle a abouti, hier, après bien des rebondissements, à la libération de l’avocate Clara Rojas, directrice de campagne de Bétancourt, enlevée avec elle.

Il a été conseillé à l’ex-diplomate, connu pour avoir le verbe haut, de faire preuve de discrétion. En effet, l’agent secret n’est pas réputé pour sa retenue. L’homme originaire du sud-ouest raconte à qui veut l’entendre que sa vie est un roman. Il a même rêvé à haute voix, se souvient un collègue, qu’on tourne un film sur sa vie. Avec Jean Reno dans le rôle de Saez. Pourquoi pas en tandem avec Pierre Richard ?

Source : Bakchich (Siham Moore, 11 janvier 2008).

1 commentaire:

Unknown a dit…

Titre tout trouvé pour le film :
Le dindon de la FARC ?

Huhuhu